Tour de drince

Tour de drince

jeudi 5 septembre 2013

La fin d'un ''cycle''....sans doute.

 
 
 
Voilà, de retour des Alpes depuis quelques jours et encore en repos, j'essaie de ''soigner'' mon abandon sur l'UTMB 2013. Ce n'est pas une blessure facile à soigner, disons qu'il restera toujours une cicatrice à l'intérieur. D'autant, que je m'étais dit et j'avais dit que si je ne passais pas cet ultra, je n'en ferai plus. Pourtant pendant prés de quatre ans, je rêvais d'être à l'arrivée de cette course mythique. Course de 168 kms avec 9700 de dénivelé positif. Une course dont les dix cols sont des vrais murs et à chaque km de franchi, la demande de l'effort se multiplie.
J'avais prévu de courir cette course en 35 heures environ avec obligatoirement deux nuits, car le départ était à 16h30.
Pourtant j'avais tout pour réussir :l'entrainement, le mental, la solidarité de Bernard et Xavier  pour faire une course ensemble, le beau temps mais un grain de sable s'est mis dans la mécanique et quand ca commence comme ca, la tête ne suit plus.
Oui, pourtant tous les ingrédients étaient rassemblés pour réussir et le début fut prometteur.
Toute la semaine avant, je m'étais bien reposé et bien alimenté dans notre petit chalet à Passy.
Quelques escapades à Chamonix pour voir les copains et se détendre avec des bons repas préparés par les accompagnatrices, qui étaient nos femmes.
De mon côté, le stress accumulé les dernières semaines à la maison , se ''dissipaient ''peu à peu dans les Alpes et je prenais cela de bonne augure pour faire la course.
Le jour ''j'' arriva et comme je l'avais souhaité, je prenais le départ à l'arrière du peloton de 2600 coureurs avec Bernard et Xavier. Un départ toujours émouvant comme je l'avais connu sur la CCC et la TDS mais, cette fois ci, un peu plus, car mon rêve se réalisait : être au départ de cet ultra.
Une fois le départ donné et deux kms parcourus dans une foule immense et intense, je n'avais jamais connu cela. Je sais pas combien de mains j'ai du toucher mais des dizaines.
Après avoir quitté cette folie , je devais vite revenir à la réalité en ayant perdu mon blouson sans manche , que j'avais prévu de mettre très  vite dans la montagne à la tombée de la nuit.Xavier, qui lui avait perdu son gobelet, me ramena mon habit, pour me l'attacher au sac. Et c'est à ce moment précis, que nous nous sommes rendu compte que nous étions dans les derniers. Mais, pas grave, il faut juste surveiller les barrières horaires.
Donc, c'est avec calme et expérience, que tous les trois , nous avancions sur cette portion de huit kms de plat avant d'attaquer le premier col après les Houches avec sept kms de montée.
Mon corps répondait toujours présent mais je sentais parfois Xavier, partir trop vite et je le ralentissais.
Dans les premiers kms de montée, un coureur vomissait et nous ''refroidissait'' un petit peu.
Le col que nous allions franchir était à plus de 2000 mètres d'altitude et les jambes commençaient à fourmiller et la tête commença à tourner . Ce qui me rassura, c'est que mes compagnons de route avaient les mêmes symptômes . Une fois, franchie ce col, ce mal avait disparu très vite.
J'avançais mais bizarrement, je commençais à ressentir des sensations , disons pas ''normal''.
Sur le ravitaillement de Saint - Gervais, les deux copains m'avaient mis quelques mètres. Mais, je m'affolais pas pour autant, car je savais qu'ils m'attendraient.
En repartant de Saint-Gervais, la nuit était bien là maintenant et la moyenne était élevée, pourtant nous étions dans les derniers et juste avec la barrière horaire mais là aussi, pas de panique. Car au début , les barrières sont serrées et ensuite, il y a plus de marge.
Dans le deuxième col, mes sensations se confirmaient de plus en plus, je n'arrivais déjà plus suivre les copains et je leur disais ''allez y, je reviens''.
Jamais, je n'ai pu revenir sur eux et mon état se ''dégradait'' de plus en plus. Les mêmes symptômes que la TDS en 2011. Et là, commence un processus psychologique , que je n'arrive plus à arrêter.
Mon estomac commença à me lâcher et impossible de boire ou manger correctement.
Le troisième col de plus de vingt kms de montée , me donna le temps de réfléchir sur mon état physique et psychologique. Car à ce moment précis, je n'avais plus de plaisir à courir, à marcher et à franchir ces difficultés.
A dix kms de Chapieux, je demandais à un organisateur que j'étais pas bien et comment, je pouvais rentrer. Le seul moyen était de rejoindre Chapieux.
Donc, dans une souffrance psychologique, je me suis avancé jusqu'à ce point. Pendant plus d'une heure trente, je n'arrêtais pas de penser à toutes les personnes que j'avais et que j'allais un peu décevoir.
Arrivé à Chapieux vers 3h15 du matin, je vis Xavier et Bernard , qui m'attendait dans la zone de ravitaillement. Je sentis en moi une grande frustration et en même temps, une grande fierté de connaitre ces mecs là!!! 
Mais, je ne leur ai pas montré du tout. Au contraire, je les ai pris par les bras et je leur ai dit'' dégagez'' et c'est ce qu'ils furent.
Bernard voulait que je vienne avec lui jusqu'à Courmayeur et on abandonnerait ensemble mais Xavier, n'était pas du tout d'accord.
Ils repartirent et moi, je m'installais sur un banc et je me demandais bien ce que j'allais faire. Ma décision n'était pas encore prise même, et je l'avoue, j'avais préparé mes messages dans ma tête.
C'est à ce moment là , qu'un bénévole me demanda ce que j'avais. Je lui expliquais mes maux d'estomac et il me guida à l'infirmerie.
Et au bout de dix minutes, une infirmière me donna un cachet et assis sur un tabouret au milieu d'autres coureurs en difficulté , je réfléchissais et me posait pleins de questions.
Faire encore 120 kms comme ca ?  comment prendre plaisir? Peut être que si je vais à Courmayeur ? Peut être quand il fera jour ca ira mieux ? J'aurai du suivre les copains ? Ca va passer ?
 
Et puis, une bénévole vient vous remettre dans la réalité et me rappelle que la barrière horaire était proche et qu'il fallait me décider. Et je pris quelques minutes encore et je décidais que la barrière horaire ne déciderait pas pour moi et donc, je rendais mon dossard pour que la responsable des abondons, me découpe un onglet, spécial abondons.
C'est vers 4 h 15 du matin que je montais dans le bus. Ca m'arrive pas souvent mais quand cela arrive, ca fait encore mal.
Dans le bus qui me ramenait à Courmayeur et ensuite, un autre bus pour Chamonix, je prévenais tout de suite ma femme et d'autres personnes qui me sont chères.
Ensuite, le sommeil me fit un peu oublier ces mauvais moments de compétiteurs que je suis et qu'il faut rentrer avant tout le monde et sans franchir la ligne d'arrivée.
Ma femme m'attendait à l'arrêt du bus à Chamonix et je pleurais de nouveau, tout en marchant à côté d'elle et rejoindre la femme de Xavier , et de nouveau lâcher quelques larmes.
Mais , je fis ''inondé'' de paroles et de sms , qui me remonta ou en tout cas, me fit oublier cet abondons et ce rêve que je côtoyais depuis plus de trois ans : être finisher de l'UTMB.
Cet abondons aura, au moins, permis d'assurer la logistique et de voir les copains sur le parcours et de connaitre leur joie sur le dernier km dans Chamonix, qui était de nouveau une folie dans les rues.
 
Voilà, je pense qu'une page est tournée pour ma part. J'aurai du mal à y retourner. Pourtant j'ai la conviction, qu'au fond de moi-même, je veux connaitre ce bonheur d'arriver à Chamonix. Mais, serais je capable psychologiquement de revenir.
Pourtant, j'ai les points pour me pré-inscrire mais............
Suis-je fais pour ce type de course ? Pourquoi suis je attiré ? Faire l'UTMB pour dire que je l'ai fait? Si je n'ai pas de plaisir , pourquoi continuer ?
Tant de questions qui resteront, peut être, sans réponses comme ma cicatrice, qui restera en moi bien longtemps.
Maintenant, place à la course à pied tranquille jusqu'à la fin de l'année et on se donnera en 2014, un objectif: lequel , on verra???
En tout cas, je veux remercier ma famille, mes amis, les loulous et louloutes de la confiance que vous m'avez fait et de votre soutien.
Encore bravo et merci à mes deux copains finishers Xavier et Bernard.