Trois jours ont passés et mon organisme commence seulement à retrouver un équilibre alimentaire normal et un fonctionnement gastrique correct. Les pertes hydriques ont été énormes durant ces 61 kms. Oui ,61 kms car j ai du abandonner sur ce trail de la vallée des lacs de 85 kms. Pourtant, aucun stress de ma part pour cette course et en plus, j avais un compagnon cool en la personne de Xavier. La météo annonçait de grosses chaleurs mais pas d'orages. Donc, je partais avec mon camelback et deux gourdes.Un départ à 5 heures de matin, me paraissait correct mais en ayant été me coucher vers 23 h 30, car les français jouaient contre la Suisse la veille en coupe du monde, le réveil fut terrible vers 3h 50.
Toutes les conditions n'étaient pas réunies pour réussir à 100 % ce trail mais je ne pensais pas atteindre des douleurs comme samedi et que je n'avais jamais connu auparavant.
Dès les premiers kms, je me retrouvais vite dans le dernier tiers du groupe de 280 coureurs.
La température semblait fraîche mais je ne mis pas longtemps à enlever mon coupe vent. Et les premiers dénivellé positif arrivaient dans une forêt un peu sombre encore.
Je pensais souvent à m'hydrater sans pour autant penser que cela ne suffisait pas. Les kms passaient et Xavier et moi avançions , tout en discutant de choses et d'autres.
Nous avançions si bien, que nous revoyons notre temps de course et nous l'estimions à 12 heures. Les 30 premiers kms, je me sentais bien et je me disais que si je pouvais finir ce trail de cette manière, ça serait un bonheur.
Mais, mais ......il y a toujours un mais. Mon état se dégradation très vite sans vraiment m'en rendre compte ou plutôt, c est en voyant que je ne pouvais plus suivre le rythme de mon compagnon dans les montées , que je commençais à douter.
Le ravitaillement du 38 kms annonçait déjà une dégradation très forte de mon état physique. Je pris le temps de prendre des morceaux d'orange et autres mais c était trop tard. La montée après ce ravitaillement fut terrible pour moi. Je commençais à m'arrêter et voire, me coucher et pleurer. Oui, pleurer de douleurs et d écoeurement, de me retrouver dans cet état et n'avoir plus aucun plaisir et en plus, être un boulet pour Xavier.
Pourtant, les mots pour me réconforter ne manquaient pas de la part de coureurs . Vite, je me relevais et me promettait d'aller jusqu'au prochain ravitaillement pour tenter de reprendre le dessus. Car en plus,à ce moment, nous étions avec un coureur belge et pendant un instant, je ne savais plus où je courais. J'ai cru un moment que j'étais en Belgique.Avec le recul, je me rends compte de mon état.
Arrivée à miltbach, un village situé à environ 24 kms de Gerardmer, je jettais mon sac et mes bâtons et mon corps sur le sol à un endroit ombragé et je mettais ma casquette sur le visage pour tenter de dormir et d'oublier cette souffrance.
Un coureur me proposait un médicament pour mon estomac que je prenais sans grand espoir.
Une petite folie me traversa l'esprit et ce fut de boire de la bière pour tenter de me soigner de cette manière. Après presque 25 minutes d'arrêt et de la persévérance de Xavier, je reprenais le chemin avec lui, tout en sachant que la montée qui nous attendait, était terrible. A peine sortie du village et à l 'amorçage de cette montée, je demandais à Xavier de partir car je le ralentissais de trop. Nous échangions quelques larmes et une poignée de mains et une bise belge. Un moment très fort et que j'adore car c'est ça la vraie vie. Je lui promettait de finir mais je ne pensais pas que la montée allait m'achever totalement.
Encore un moment de solitude où je me retrouvais assis sur un caillou au bord du chemin et à me demander, encore, si j'allais abandonner. Un coureur, le même qui m'avait donné un médoc au ravitaillement, me prépara un smecta, tout en me parlant. Je lui racontais, un peu ma vie de coureur et ensuite, je décidais de redescendre au ravitaillement du village. Arrivée en bas , il n'y avait plus personne mais nous savions que le directeur sportif revenait nous chercher et nous déposer à un des derniers ravitaillements pour prendre la navette. Pendant l'attente de la navette, je vis encore une fois Xavier.
Voilà, une aventure qui se termine sur 12 heures de sortie rando et 61 kms mais surtout, sur un seul but, ne plus revivre ces souffrances .
Je vais me concentrer, lors de mes courses, à m'hydrater et manger correctement.
Pour bien commencer, je prends deux semaines de repos et ensuite quelques sorties de trois heures avec un trail en Belgique le 3 août de 57 kms avec 1400 de dénivellé positif. Ensuite, mi-août, arrêt total de la cap.
Ce qu'il faut que je retienne de ce samedi 21 juin, c'est que j'ai pris conscience de mes erreurs et du niveau auquel, je me suis mis dans la douleur.
A bientôt, reprise pour moi le 7 juillet .